Une jeunesse guyanaise : rencontre avec Hodène GEORGES
PORTRAIT | Jeune et audacieux, Hodène Georges se donne les moyens de ses ambitions. Le guyanais, fier de ses origines, nous raconte son voyage dans l’hexagone. Son objectif est clair : amasser suffisamment de bagages et d’expérience pour rentrer au pays, et se mettre au service de sa collectivité.
Hodène Georges lors du concours de plaidoirie de son université, “Oratio Capitole”, en 2019.
Une jeunesse guyanaise ambitieuse
Son éloquence peu ordinaire lui a valu la première place du concours de plaidoirie de son université en 2019. Hodène, issu d’une jeunesse guyanaise ambitieuse et engagée, parle clairement et avec force. Sa voix porte cette conviction : servir son territoire. Mais pour cela, il en a conscience, il doit d’abord s’équiper…
A l’obtention d’un Baccalauréat littéraire avec mention très bien, le jeune guyanais s’envole pour Toulouse où il obtient une licence en droit français et anglo-saxon. Puis il intègre un Master 1 de politiques publiques à l’IEP de Rennes : “J’avais besoin de changer d’air,” explique-t-il, “et je ne me reconnaissais pas dans une voie aussi spécifique que le droit”.
Déterminé et entreprenant, Hodène décide de préparer les concours de l’Institut national du service public (INSP, anciennement connu sous le sigle ENA) et de l’Institut national des études territoriales (INET).
Pour pouvoir rentrer en Guyane et se rendre utile à sa communauté, Hodène sait qu’il doit acquérir des connaissances et se forger une expérience. Et pour ce faire, il n’hésite pas à se donner les moyens de ses ambitions.
Après un premier stage réalisé au pôle des Affaires européennes de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), qu’il a particulièrement aimé, Hodène se rend compte de la nécessité de maîtriser les fonds européens.
Acquérir une expertise dans ce domaine est à ses yeux un moyen utile de contribuer au développement des Outre-Mer. C’est pourquoi le jeune homme, âgé seulement de 21 ans, décide de « prendre de l’avance » et entreprend un stage à Europe Odisea.
Prendre de l'avance pour une vision "plus construite"
Chargé de structuration et financements entre Septembre et Décembre 2021, Hodène révèle toute la potentialité de la transversalité entre l’Europe et les Outre-Mer.
Quelles étaient tes missions ? H : Mes missions comprenaient la rédaction de fiches pré-projet, mais également la veille des appels à projets, la préparation de webinaires, la participation à des conférences et la rédaction de notes de synthèse. Ces notes de synthèse m’ont d’ailleurs beaucoup aidé dans mon parcours académique. Au niveau de la rédaction, j’ai reçu plusieurs remarques que j’applique encore aujourd’hui, et qui me seront extrêmement utiles durant mes concours. Que retiens-tu de ce stage ? H : Même si l’expérience a été courte, ce stage m’a beaucoup apporté. J’ai pu approfondir mes connaissances dans le domaine des fonds européens. Mais surtout, j’ai adoré pouvoir travailler sur les territoires ultramarins. Le stage m’a permis d’en apprendre plus sur le diagnostic territorial de la Guyane, de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Réunion et de Mayotte. Rien que cela me permet d’avoir une vision plus construite de ces territoires. Il y a-t-il une situation, un évènement qui t’a particulièrement marqué ? H : La série d’entretiens avec les professionnels de l’Europe [qui font partie des ITW d’ODISEA] m’a vraiment marqué. Quand une personne parle « d’abnégation », et que je la rencontre, que j’échange avec elle, je comprends l’utilisation de ce terme. On voit bien qu’elle a un attachement fort, vraiment très fort à son territoire.
Ce qui m’a surtout marqué, c’est que chez toutes ces personnalités avec qui on a pu s’entretenir, il y avait vraiment ce tronc commun, qui est la volonté de se mettre au service de leur territoire. Cette expérience a été extrêmement enrichissante pour moi, jeune ultramarin, souhaitant participer au développement des Outre-mer. Ça m’a permis de redéfinir ce qu’est le sens du service, et l’attachement au territoire.
"Le retour au pays n'est pas une question, c'est une nécessité"
L’attachement au territoire n’est pas chose étrangère à l’étudiant guyanais, pour qui « le retour au pays n’est pas une question », mais une nécessité. Cet amour presque viscéral pour son territoire, Hodène le ressent profondément, comme en témoignent ces quelques lignes qu’il cite :

À cette citation, tirée de l’œuvre “Demain c’est nous ! Moisson Guyanaise” de l’auteur Keïta R. Stephenson, l’étudiant accorde beaucoup d’importance. Au moment où il quitte sa terre natale pour ses études, le jeune guyanais découvre ce livre, qui le touche profondément. Il confie se reconnaître parfaitement dans ces mots, qui sont à l’image de ce qu’il vit dans l’hexagone.
La découverte de cet ouvrage déclenche chez lui une véritable quête identitaire. Le jeune homme se met alors à se renseigner sur l’histoire, la culture, et la société guyanaise et ultramarine. De jour en jour plus attaché à son territoire et à ce qu’il représente, Hodène explique que si ce voyage est nécessaire, “il se soldera toujours par un retour chez moi”.
À la question “C’est quoi être guyanais ?,” Hodène Georges répond spontanément :
Avec cette affirmation, on ne peut que souhaiter à la Guyane d’apprécier cette jeunesse, cette force vive du présent et de l’avenir, qui revient inexorablement sur cette terre de rouges et de verts.
– Rédac : SC / Rédac-chef : EJ